13 jours 13 nuits dans l’enfer de Kaboul

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En proie à une guerre civile durant 20 ans, Kaboul voit le retour des talibans à l’été 2021 alors que les dernières forces occidentales quittent le pays et les ambassades ferment les unes après les autres.

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.

Albert Camus, Discours de Suède

C’est avec cette citation d’Albert Camus que Mohamed Bida introduit son livre 13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul, paru le 7 septembre 2022 aux éditions Denoël.

Thriller s’il en est un, cette œuvre autobiographique est écrite à la première personne par le commandant de police Mohamed Bida, chef de la sécurité de l’ambassade de Kaboul entre 2017 et 2021. Après une reconquête de la quasi-totalité de l’Afghanistan au printemps 2021, les talibans entrent dans la capitale afghane au début du mois d’août de la même année.

C’est alors que l’ensemble des ambassades occidentales vont fermer leurs portes les unes après les autres dans un chaos ambiant saisissant. La mission française compte parmi les dernières à rester ouverte. Pour elle, il ne s’agit pas uniquement d’évacuer le personnel présent ainsi que les ressortissants français. En effet, la décision a été prise par l’Elysée de faire également évacuer l’ensemble des personnels afghans qui ont collaboré avec l’Etat français pendant les 20 ans de guerre qui viennent de prendre fin, accompagné de leur famille.

Cependant, rien ne se passe comme prévu. Le commandant Mohamed Bida doit improviser l’évacuation de centaines d’Afghans vers l’aéroport de Kaboul, seul point de sortie du pays, avec l’aide d’une dizaine de policiers d’élite du Raid. Mais les plans d’évacuation échouent les uns après les autres, rythmés par une dégradation de la situation, sur fond de menace terroriste. Il se résout enfin à négocier avec les talibans, ce qui n’est pas sans risque.

A lire, l’article « L’ingérence russe en Afrique : vers un affaiblissement de l’influence française ? »

Après presque 40 ans de service au sein de la police nationale, ce poste de responsable de la sécurité au sein de l’ambassade française à Kaboul était le dernier qu’allait occuper Mohamed Bida avant qu’il ne prenne sa retraite.

Cette histoire est aussi celle d’un jeune homme d’origine algérienne ayant grandi à Roubaix dans les années 70. C’est celle d’un jeune homme issu de l’immigration dont la vie a failli basculer un soir de mars 1980 à la suite d’un contrôle de police musclé au bord d’un canal. C’est celle d’un jeune homme de banlieue algérienne qui s’engage dans la police en 1982 sans aucun diplôme. L’auteur entrecoupe ainsi son récit de chapitres où il relate son histoire, sa jeunesse, ce qui donne une profondeur singulière à son propos.

L’éditeur conclut ainsi par ces mots :

Un récit héroïque, qui est aussi une leçon d’humanité et de résilience.

Abordable et facile à lire, ce livre est un témoignage poignant et captivant qui nous est délivré, donnant par la même occasion un parfait exemple de gestion de crise. Le lecteur suit le récit heure par heure au gré des rebondissements, tout en sachant que tout peut dégénérer à chaque instant.

Pour aller plus loin, nous vous recommandons de visionner cet entretien de France 24 du 12 octobre 2022. Vous pouvez également retrouver l’article sur le livre « Les Moujiks » de Romain Mielcarek.