Ingérence chinoise en Afrique

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Depuis les années 2000, la présence chinoise sur le continent africain s’est considérablement renforcée, notamment sous l’effet de la politique d’internationalisation des entreprises et du Forum sur la coopération sino-africaine  qui s’est tenue pour la première fois du 10 au 12 octobre 2000 à Pékin, en présence de plus de 80 ministres des Affaires étrangères de 45 pays africains.

Cependant, nous nous interrogeons sur cet accord censé être également bénéfique pour les pays africains correspondant en réalité à une approche opportuniste et dominante au service des intérêts des acteurs économiques chinois. Dans ce cas, nous parlons alors de l’ingérence chinoise en Afrique.

Nous allons illustrer cela avec l’actualité sur l’Ouganda et sa perte de souveraineté sur son espace aérien ainsi que le poids de l’investissement chinois en Afrique.  

La Chine saisit l’aéroport international et d’autres actifs suite à une dette du gouvernement ougandais

Le 17 novembre 2015, le gouvernement ougandais, représenté à l’époque par le ministère des Finances et l’Autorité de l’aviation civile ougandaise (UCAA) signe un accord avec Export-Import Bank of China (Exim Bank) pour emprunter 207 millions de dollars avec une échéance de 20 ans dont sept ans de différé d’amortissement.

A l’issue de cet accord, l’Autorité de l’aviation civile ougandaise (UCAA) déclare que certaines dispositions de l’accord de financement exposent l’aéroport international d’Entebbe et d’autres actifs ougandais à être saisis et repris par des prêteurs chinois lors d’un arbitrage à Pékin

Entebbe International Airport

Construit en 1972, l’aéroport international d’Entebbe est le seul aéroport international d’Ouganda et accueille plus de 1,9 million passagers par an

En mars 2021, le président Yoweri Museveni avait envoyé une délégation à Pékin dans l’espoir de renégocier les clauses, mais les autorités chinoises ont rejeté la demande. 

En effet, dans plusieurs situations d’ingérence chinoise en Afrique, les contrats disposent souvent de clauses qui permettent à la Chine d’assurer ses arrières en cas de non-remboursement de la part des pays endettés.  Par exemple : Si la Zambie ne parvient pas à rembourser ses 8 milliards de dollars d’emprunt à la Chine, elle perdrait le contrôle de Zesco (le fournisseur d’électricité local). Et si, le Kenya ne parvient pas à rembourser les prêts chinois qui financent la ligne de chemin de fer entre Nairobi et Mombasa, la Chine prendrait le contrôle du port de cette dernière.

Des investissements massifs

China Exim Bank
Banque chinoise d’import-export (China EximBank) bras financier de la Chine en Afrique

Selon le cabinet McKinsey, en 2017, 10 000 entreprises chinoises étaient implantées en Afrique.  En effet, en investissant en Afrique à travers des projets d’infrastructure stratégiques tels que des ports, des aéroports, des autoroutes et des chemins de fer, la Chine pourrait s’imposer comme la première puissance mondiale dans les années à venir. 

Selon le rapport statistique 2021 de la Banque Mondiale, la Chine détient depuis 2019, 20% de la dette de l’Afrique subsaharienne. 

En conclusion, nous constatons que la présence chinoise en Afrique, qui concurrence celle des puissances occidentales, pourrait à terme soulever de multiples problèmes en matière d’ingérence politique. Comme nous pouvons le constater dans sa relation commerciale avec les autres puissances, le soft power chinois évolue vers une stratégie d’affirmation de puissance qui pourrait bouleverser le système économique international. 

Dans le cadre des relations internationales et des souverainetés économiques, nous interrogeons alors sur le succès du développement chinois et de sa capacité à s’imposer : quelles sont les limites du soft power chinois et quelle est réellement sa finalité ?

Nous pouvons émettre l’hypothèse d’une stratégie d’affirmation de puissance nettement plus ambitieuse avec des conséquences politiques profondes…

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