« L’exploration de l’espace ira de l’avant, que nous y participions ou non, et c’est l’une des grandes aventures de tous les temps, et aucune nation qui s’attend à être le leader d’autres nations ne peut espérer rester à la traîne dans la course à l’espace »
– John F. Kennedy dans son discours « We choose to go to the moon » (1962)
Cet extrait du discours de John F. Kennedy traduit la nécessité que vont devoir avoir les nations du monde à se livrer à une course prochaine à l’espace.
Si l’on essaie de révéler le sens de cette phrase, nous pouvons comprendre qu’ici John F. Kennedy souligne le fait que pour être une grande nation il faut, sans aucun doute, investir massivement dans le domaine spatial. Plus précisément, si une nation désire devenir la plus puissante des nations, il faut incontestablement qu’elle soit avant-gardiste dans le domaine spatial, et pour John F. Kennedy cette nation c’est les Etats-Unis.
A ce moment, l’objectif du président américain est de parvenir à envoyer un Américain sur la lune. Pour cela, des investissements de plus de 28 milliards de dollars ont été accordés pour le programme Apollo, le Centre spatial Lyndon B. Johnson a été créé, et une forte industrialisation sont conférés à la recherche spatiale aux Etats-Unis.
L’information devient cruciale (multiplication des satellites d’observation), ce qui ouvre de nouveaux champs pour l’intelligence économique. Comme les Américains, les Soviétiques développent des satellites de reconnaissance, nommés Zenith, qui vont leur permettre de trouver des failles dans le système de défense américain : les satellites américains peuvent uniquement détecter les missiles étrangers passant par le pôle Nord. Ainsi, pour les responsables soviétiques cette information leur permet d’imaginer une attaque en envoyant leur missile par le pôle Sud. Même si les Américains souhaitent protéger leurs données, il n’est donc pas possible de toutes les protéger.
Dès lors, un processus de veille est nécessaire pour la détection des besoins en matière de technologies spatiales, la collecte, la surveillance, le traitement et l’analyse des données qui sont produites in fine par ces technologies spatiales.
Comme l’indique John F. Kennedy, “l’une des grandes aventures de tous les temps” est “la course à l’espace”. Cette course à l’espace, qui demande un budget élevé et une politique de protection de l’information efficace, trouve son origine dans des conflits géopolitiques.
Dans cet article, ce sont ces mêmes conflits géopolitiques, et surtout leurs conséquences dans le domaine militaire, que nous allons étudier, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale à nos jours.
Les débuts de la « course à l’espace »
La fin de la Deuxième Guerre mondiale signe pour beaucoup un début de paix.
Néanmoins, cette fin du conflit laisse place de façon progressive dès 1945 à des tensions géopolitiques entre ce que nous appelons communément le bloc de l’Ouest et le bloc de l’Est. En réalité, ces tensions créent une forte confrontation entre les deux superpuissances : les Etats-Unis et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Ces confrontations se présentent sous plusieurs formes, notamment dans le domaine de l’espace. Pour les armées, le domaine spatial devient un territoire à maîtriser et à défendre.
L’objectif de ce qui s’appelle la « course à l’espace » est avant tout militaire. Les deux grandes superpuissances désirent fabriquer des missiles intercontinentaux inspirés du programme de missiles balistiques de l’Allemagne nazie. D’autre part, l’objectif est idéologique. Les Etats-Unis représentent le monde capitaliste et souhaitent démontrer leur supériorité technologique face à une URSS communiste.
Pour soutenir ce dernier objectif, les Etats-Unis créent la National Aeronautics and Space Administration (NASA) en 1958. Il faut également, de chaque côté, rendre possible le progrès des missions spatiales.
Bien que cela soit l’URSS qui, en 1957, arrive à mettre en orbite le premier satellite artificiel, les USA marquent les esprits en envoyant le premier homme sur la Lune en 1969.
Cette course à l’espace entre l’URSS et les USA, combinant recherche et découverte spatiale, dure 18 ans, soit de 1957 à 1975. En l’espace d’une décennie, le budget pour le domaine spatial va considérablement s’accroître. Par exemple, le budget de la NASA, qui est de 706 millions de dollars en 1957, passe à 47 milliards de dollars en 1966.
Cette course ne pouvait pas durer éternellement. Néanmoins, cela ne signifie pas que cette course à l’espace disparaît totalement. La fin de la guerre froide, causée par la chute du mur de Berlin en 1989, voit de nouveaux acteurs s’intéresser à ce domaine et innover. Or, ces innovations sont davantage liées à des questions d’économie et des questions scientifiques. Il est donc question d’affirmer sa puissance dans un monde multipolaire.
Aujourd’hui, 19 pays possèdent au moins un satellite militaire, et parmi eux nous retrouvons, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Japon, l’Inde et la France.
Mise en œuvre de la stratégie de défense spatiale de la France
Le programme spatial français débute dans les années 1970 avec la création du Centre national d’études spatiales (CNES) en 1961.
Conscient de l’importance stratégique de l’arme nucléaire, le Général de Gaulle souhaite développer de manière autonome un missile balistique porteur de l’arme atomique. Finalement, les travaux de recherche et les études développent la fusée Diamant qui lance le premier satellite artificiel français en 1965 qui se nomme Astérix. Pour l’instant, ce satellite ne comporte aucun équipement scientifique, seul un répondeur radar et un système de transmission de télémesures fournissant des informations de vitesse et d’accélération se trouvent à bord.
La réussite de ce lancer encourage la France à envoyer en orbite des satellites artificiels qui permettent l’observation de la Terre et qui facilitent les télécommunications, la télédiffusion, la météorologie ou encore la navigation.
Afin de s’affranchir des technologies spatiales américaines et russes, la France participe avec 11 autres pays européens à la création de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Grâce à des travaux préalables de l’ESA, le CNES peut développer le premier lanceur Ariane 1, avec pour objectif de mettre en orbite des satellites sans dépendre des autres puissances spatiales.
Bien que la question militaire soit l’une des principales motivations au progrès spatial lors de la guerre froide, elle devient peu à peu oubliée par les grandes puissances spatiales. Effectivement, selon le directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français, Étienne de Durand, les crédits de la Défense des pays européens ont baissé, ils représentent en 2001 1% du PIB alors que dans les années 1970, ils représentaient 3% à 4% du PIB.
Les Etats-Unis créent en 1985 le United States Space Command (USSPACECOM). Ce commandement interarmées de combat, complémentaire de l’United Air Force, permet la mise en orbite de satellites artificiels à usage militaire qui fourniront les informations nécessaires aux combattants.
La question militaire au sein de la défense spatiale revient sur la table par la Commission chargée d’évaluer l’organisation et la gestion des activités spatiales dans la perspective de la sécurité des États-Unis en 2000. Il recommande de faire usage de l’espace comme un point déterminant pour gérer les crises, dissuader les conflits, et de l’emporter plus facilement dans un conflit. Cette proposition de 2000 tombe elle aussi dans l’oubli alors que les Etats-Unis font face au terrorisme et à la guerre en Irak. Les attentats du 11 septembre 2001 induisent un changement de stratégie et les Etats-Unis décident de dissoudre le United States Space Command en le faisant absorber par le US Strategic Command. Ce sera Donald Trump, président américain de 2016 à 2020, qui décide de réactiver le United States Space Command et de le transformer en United States Space Force le 20 décembre 2019.
Cette dernière se charge de remettre en ordre et en opération un ensemble de constellations de satellites artificiels. Parmi eux, nous retrouvons les satellites qui composent l’Advanced Extremely High Frequency, remplaçant de Milstar, qui permettent la communication sécurisée entre les Forces armées des États-Unis. Les satellites du Defense Meteorological Satellite Program recueillent les données concernant le temps et le climat sur Terre. Le système Wideband Global SATCOM apporte aux militaires américains, australiens, néo-zélandais, luxembourgeois, canadiens, néerlandais et danois une communication à haut débit. Le système Space-Based Infrared System détecte les missiles balistiques intercontinentaux. D’autre part, le système Global Positioning System accorde à chaque utilisateur de connaître sa position dans n’importe quel lieu et à n’importe quel moment. Et enfin, le système Defense Support Program est pour sa part un programme chargé de détecter le lancement de missiles balistiques.
Ce projet américain rompt avec l’idée que l’espace doit rester une zone démilitarisée, comme le prévoit le traité de l’espace signé en 1967. De fait, Donald Trump déclare par la suite que « l’espace est le nouveau front de guerre du monde« , lors de la promulgation de la loi de financement militaire 2020 en décembre 2019.
De son côté, la France a créé en 2010 le Commandement interarmées de l’espace. Pourtant, ces missions restent assez peu définies. Selon, l’arrêté du 7 juillet 2010, ce commandement est chargé d’élaborer la politique spatiale militaire pour le chef d’état-major des armées et de contribuer à la mise en œuvre de la politique militaire spatiale.
C’est en 2017 qu’un événement va venir accélérer la donne. La ministre des Armées, Florence Parly, accuse la Russie d’avoir approché un de ses satellites, le Loutch-Olymp, d’un satellite militaire franco-italien, Athena-Fidus, afin de capter des communications.
A la suite de cet acte qualifié « d’espionnage », mais aussi face au développement des forces armées spatiales des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie, Emmanuel Macron, président français, décide de créer le Commandement de l’espace en septembre 2019. Sa mission est de rassembler les signalements de besoins opérationnels et de résoudre ces besoins, d’élaborer la politique spatiale nationale et d’utiliser stratégiquement les capacités spatiales. Cela permet également d’améliorer la politique d’intelligence économique de la France en prévoyant les risques de cyberattaques et de vol des données.
Actuellement, le Commandement de l’Espace est responsable de 12 satellites. Parmi eux, on retrouve des satellites d’observation : trois satellites formant la Composante spatiale optique (CSO) et deux satellites Pléiades ; des satellites d’écoute dont les quatre satellites d’ELISA, et des satellites de télécommunications : deux Syracuse 3, un Athena-Fidus et un Sicral 2.
Afin d’accompagner les missions du Commandement de l’Espace, la Loi Programmation Militaire définit le budget qui sera alloué à chacune des ces missions. Ce budget voté pour 2019-2025 permet d’allouer, en plus des 3,6 milliards d’euros initialement prévus, 700 millions d’euros de plus dans le spatial militaire, soit plus de 4 milliards d’euros, afin de renforcer les moyens de surveillance et d’auto-défense des satellites militaires français.
A cela s’ajoute également, l’élaboration d’une nouvelle stratégie spatiale de défense. Cette stratégie repose sur l’amélioration des capacités militaires de veille stratégique et d’appui aux opérations, le développement de la capacité de surveillance spatiale et la création d’une capacité de défense active. De plus, avec le Commandement de l’Espace, la relation entre le ministère des Armées et le Centre national d’études spatiales (CNES) est vouée à être plus étroite.
Ainsi, en 2019, est lancé le programme d’armement, nommé « Maîtrise de l’Espace ». Ce programme a deux objectifs. Premièrement, la surveillance, pour que les satellites soient utilisés de façon plus efficiente ; et la défense active, pour organiser une réponse en conformité avec le droit international si jamais un événement hostile a été orchestré.
Dans les domaines de l’observation et de la télécommunication, il s’agira de faire usage des satellites déjà mentionnés. Mais dans le domaine du renseignement, on fera appel à une nouvelle constellation de satellites, ceux du programme Capacité de renseignement électromagnétique spatiale (CERES) (). Ils sont lancés le 16 novembre 2021. Ce programme CERES est considéré comme un véritable bond technologique. En effet, c’est le premier système en Europe capable de détecter tous types de radar et d’émetteur de télécommunication. Il est différent puisqu’il permet d’effectuer un renseignement d’origine électromagnétique, dit ROEM. Cela consiste en la collecte des informations captées par des moyens électromagnétiques comme des radars de navigation maritime, de contrôle aérien, de conduite, de tir, des moyens de communication, des centres de commandement, etc.
Alors CERES va permettre de considérablement accroître les capacités de renseignement de l’armée française. Ce dernier assure une couverture géographique mondiale et peut atteindre n’importe quelle zone, surtout celles inaccessibles avec la technologie actuelle. Ses capacités de détection sont jugées très performantes grâce à son capteur niché en son sein et à ses puissants algorithmes et logiciels qui analysent et traitent automatiquement les milliers de signaux recueillis. En sachant que les satellites CERES fonctionnent 24 heures sur 24 en veillant de façon permanente et circulant sur toutes les zones du globe sans aucune autorisation de survol car ils sont soumis à un régime juridique spécifique précisé dans le droit spatial.
La station au sol, pilotée par la Direction du Renseignement Militaire (DRM), fait le lien tous les jours avec ces satellites et règle tous les besoins opérationnels. La capacité de stockage à bord et le débit important entre la station au sol et les satellites est tels qu’il est possible de recueillir et conserver un volume de données très important.
Pour finir avec le système CERES, il est connu pour sa résistance aux attaques mêmes les plus avancées comme les agressions militaires, les brouillages et les attaques cyber.
Du côté du Commandement de l’Espace, certains projets prévoyaient l’élaboration de lasers permettant d’éblouir, donc d’empêcher le recueil d’informations, d’autres satellites ou des mitrailleuses pour détruire les panneaux solaires des satellites. Ou même encore des satellites miniatures capables de détecter des engins spatiaux proches.
Plus concrètement, le Commandement de l’Espace dirige le premier exercice spatial militaire français nommé AsterX, en référence au premier satellite français qui a été lancé en 1965. Cet exercice, qui a eu lieu en mars 2021, avait pour but de tester la réaction des forces spatiales françaises et du CNES dans le cas où un objet inconnu spatial venait à s’approcher d’un satellite français. Donc, il fallait analyser cet objet inconnu, modifier d’urgence l’orbite du satellite et effectuer des brouillages de signaux pour déstabiliser l’ennemi.
Cette stratégie a été suivie par le général Philippe Steininger, conseiller militaire du Président au sein du CNES. Celui-ci recommande aussi dix propositions pour qu’une stratégie spatiale militaire soit correctement établie.
D’une part, il faut comprendre que le domaine spatial est un bien commun même si une minorité en a la complète maîtrise. Ainsi, ce sont ces États minoritaires qui bénéficieront d’un ascendant stratégique sur tous les enjeux et politiques spatiales.
Deuxièmement, si un pays désire être une véritable puissance militaire spatiale, il faut qu’il puisse se reposer sur une industrie et des compétences civiles dans ce secteur. Par exemple, une société comme Arianespace permet le lancement de plusieurs satellites militaires français. Ainsi, un écosystème industriel adéquat et fonctionnel permet la vitalité d’une bonne stratégie spatiale militaire.
A la différence des avions ou d’autres modules aéronautiques, lors des opérations spatiales, les satellites sont soumis à la « loi de Kepler », ce qui signifie qu’ils se trouvent la plupart du temps éloignés de leur opérateur, ce qui rend difficile des interventions. Sachant que le satellite en lui-même ne dispose que de peu d’énergie, soit 2 à 20 kW.
Comme dit dans la première partie, nous ne sommes pas seuls à disposer de satellites militaires de communication et de renseignement, donc à terme il deviendra difficile de cacher toute manœuvre militaire. Pour mener à bien une mission, il faudra, à l’avenir, miser sur la vitesse d’exécution et le leurrage que sur la dissimulation.
Chaque État doit garantir un accès autonome à l’Espace. Cela permet de conditionner toutes les autres activités spatiales sans être dépendant d’une autre puissance. C’est la détermination de la France, qui par l’incarnation du Centre Spatial Guyanais, démontre sa volonté d’un accès autonome à l’Espace.
Afin de connaître les menaces qui sévissent dans l’Espace et de pouvoir adapter ses réponses, il est primordial pour les Etats de se munir de « moyens indépendants et robustes » dont des satellites de surveillance militaire, pour détecter, identifier et suivre.
La donnée numérique collectée par les satellites est très importante et il faut donc savoir la préserver et la sécuriser. De ce fait, l’intelligence économique devient un domaine incontournable. La cybersécurité dans l’Espace doit être un atout majeur de chaque Etat qui souhaite se considérer comme une puissance spatiale militaire. A cela s’ajoute la protection de toutes les infrastructures au sol, qui sont tout autant menacées que les satellites.
Les capacités de destruction de satellites présentent un atout, celui d’égaliser les relations entre puissances militaires. Aucune puissance ne désire retrouver un de ses satellites détruits et cela oblige à privilégier le dialogue en cas de contentieux.
Exemple actuel de l’Ukraine (usages modernes et concrets)
Aujourd’hui, seuls des cas de contentieux entre puissances ou même des cas isolés demandent l’usage continu et accru des satellites pour un usage militaire.
Cependant, la guerre récente en Ukraine démontre que les conflits militaires se jouent également en orbite.
Selon Le HuffPost, une cinquantaine de satellites survolent l’Ukraine. Les données enregistrées sont des données météorologiques, cartographiques et de télécommunication, et cela permet à l’armée ukrainienne de se défendre. Bien entendu, l’économie de l’Ukraine ne lui permet pas de s’afficher comme une puissance spatiale et c’est pour cela que le président Volodymyr Zelensky demande, via son ministre de la Transformation Digitale, Mykhailo Fedorov, aux opérateurs de satellites privés, la livraison de données essentielles à la défense de l’Ukraine. Cette demande est destinée aux opérateurs de satellites RSO (Radar à système d’ouverture) qui, par leur technologie, peuvent cartographier des images terrestres même à travers des nuages.
Des sociétés comme Capella Space ou encore Electro Optic Systems ont répondu favorablement à cette demande. Ces données recueillies, ainsi que les données croisées avec les informations disponibles sur Internet, permettent au gouvernement ukrainien de connaître l’avancée des troupes russes et de prévoir des ripostes.
Avant que Vladimir Poutine, président russe, donne l’ordre d’envahir l’Ukraine, la Russie avait partiellement brouillé les signaux GPS en Ukraine afin de prendre les troupes ukrainiennes par surprise.
De plus, la Russie est pointée du doigt dans une potentielle affaire de cyberattaques sur le satellite de communication KA-SAT. En effet, depuis le début de l’invasion, le 24 février 2022, le satellite fait face à des anomalies techniques et certains utilisateurs sont privés de leur accès à Internet.
Système de défense de bouclier spatial
L’un des principaux souhaits des puissances spatiales, durant la guerre froide, était de se protéger des missiles à tête nucléaire et de lancer des missiles nucléaires depuis l’espace, qu’en est-il aujourd’hui ?
En réalité, la base de la création du projet d’« Initiative de défense stratégique » aux Etats-Unis avait pour but d’élaborer une défense face à des missiles balistiques intercontinentaux à tête nucléaire. La première approche était d’utiliser un laser à rayons X qui serait capable « de canaliser l’énergie d’une explosion nucléaire en des rayons capables de détruire des missiles balistiques en vol ». Cette idée se concrétise sous le nom de « Project Excalibur ». En clair, ce projet se définit comme suit. Un ensemble important de lasers à rayons X sont disposés autour d’un dispositif nucléaire. Ce dispositif explose, et les rayons X émis par cette explosion sont focalisés dans les lasers, qui enfin viseront, dans un scénario hypothétique, les missiles nucléaires ennemis qui se dirigent vers les Etats-Unis. Ce concept permettrait d’atteindre n’importe quel missile à n’importe quelle altitude.
Un autre des projets fut celui nommé « Brilliant Pebbles », encore un projet d’intercepteurs dans l’Espace. Le concept est d’utiliser un élément chimique, le tungstène, qui est utilisé pour la rentrée atmosphérique d’un véhicule spatial et utilisé dans le réacteur thermonucléaire ITER. Ce sont donc ces éléments qui devraient être utilisés afin d’intercepter des missiles nucléaires. L’élément devait être modifié afin de ressembler à un missile air-air, ceux qu’on retrouve sur les aéronefs. Ce missile devait être conservé indéfiniment dans un « gilet de sauvetage » qui lui apportera de l’énergie via un panneau solaire. Ce projet qui était considéré comme le plus prometteur fut finalement suspendu en 1994.
Actuellement, il n’existe pas de projet connu du grand public qui aurait pour but d’analyser et de mettre en œuvre d’autres moyens afin d’intercepter des missiles balistiques intercontinentaux à tête nucléaire depuis l’Espace. Seuls, le Defense Support Program et le Space-Based Infrared System ont aux Etats-Unis les moyens de détecter le lancement de missiles balistiques porteurs de têtes nucléaires.
OUVERTURE
Une guerre spatiale dans le monde moderne n’aurait rien à voir avec les précédentes guerres. Dans le domaine spatial, les risques sont plus importants. Premièrement, si un satellite est détruit, il produit des débris spatiaux dont on ne peut pas contrôler la trajectoire et cela pourra avoir un impact sur des zones terrestres, ou sur d’autres satellites si les débris restent bloqués en orbite. Finalement, la destruction d’un satellite provoque la perte de données nécessaires au fonctionnement d’une armée et même d’un Etat. Quand bien même, les câbles sous-marins assurent 95% des communications intercontinentales par Internet ou par téléphone, les satellites donnent accès aux données GPS, météorologiques et cartographiques.
Néanmoins, bien que la militarisation de l’espace soit chose commune aujourd’hui, une guerre spatiale n’est à envisager pour aucun des partis. Comme expliqué plus haut, ce cas de figure serait dévastateur pour tous. Alors, pour que chaque puissance militaire progresse dans le domaine spatial, il est nécessaire de travailler en prenant en compte les intérêts de tous et d’entamer la « coopération internationale spatiale ».
L’un des exemples les plus marquants reste celui de la Station spatiale internationale. Ce projet, qui trouve ses origines dans la guerre froide, a été entrepris par les Américains, les Russes, les Européens, les Japonais et les Canadiens.
Cela a permis à plusieurs États de progresser dans la maintenance, la réparation et le remplacement de systèmes en orbite. Des recherches ont été menées afin d’analyser de possibles missions longue durée vers la Lune ou vers Mars.
Les chercheurs analysent les effets du séjour dans l’espace sur le corps humain. Les physiciens tentent de combiner des fluides qui se mélangent mal sur Terre, car la gravité est plus faible dans l’ISS. En tout, c’est l’astronomie, la biologie, la physique et la météorologie qui ont pu bénéficier de cette coopération internationale. De fait, chaque pays partenaire a pu bénéficier de cette coopération afin d’élever ses connaissances sur plusieurs domaines. Des connaissances dont ils auraient eu du mal à avoir sans l’ISS.
Or ce projet est destiné, selon les informations actuelles, à ne plus exister dans les années à venir.
La fin de la station spatiale internationale qui est prévue vers 2030 et qui va laisser émerger le secteur privé, va-t-elle conduire les pays partenaires à se retrancher dans des stratégies nationales qui pourraient être génératrices de conflits futurs ?
Promotion 2021-2023